Antoine Tilloy

Aujourd’hui, on n’a pas de preuve expérimentale formelle du caractère quantique de la gravité. Il est ainsi possible , en principe, qu’espace-temps classique et matière quantique cohabitent, avec une dynamique qui resterait à préciser. Historiquement, on a conclu un peu hâtivement que les dynamiques hybrides classique-quantique généraient nécessairement de terribles paradoxes, et on s’est ainsi presque convaincu qu’on pouvait trancher le cas de la gravité sans expérience. De manière intéressante, ces paradoxes sont liés aux fondements mêmes de la mécanique quantique et sont donc sérieux. Mais depuis quelques années, on sait construire des dynamiques hybrides cohérentes, exemptes de pathologies, et qui ne font pas voler en éclats la mécanique quantique. A priori, il y a d’ailleurs plein de manières de le faire : de telles dynamiques on été inventées, réinventées, et récemment mises sur le devant de la scène par Jonathan Oppenheim et sa « postquantum » gravity. Je montrerai que ces différentes manières de construire des théories hybrides sont toutes équivalentes, et correspondent mathématiquement à de la mesure continue et du feedback avec mémoire. Ainsi, bien qu’obscures a priori, ces dynamiques sont particulièrement faciles à comprendre pour des opticiens quantiques. Je montrerai enfin ce que ces modèles prédisent dans le cas de la gravité dans sa limite Newtonienne. Je resterai dans cette limite (car je serais bien incapable de faire mieux) et aucune connaissance de la relativité générale ne sera nécessaire.