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L’atmosphère des années cinquante

Dans ses premières années, le groupe évolue dans des conditions matérielles marquées par les conséquences de la guerre et de l’occupation, suivies d’une période de reconstruction durant laquelle les financements de l’État sont principalement mobilisés. Hormis quelques générateurs de fréquence d’origine américaine, l’équipe du laboratoire utilise encore des instruments de mesure robustes, aux boîtiers ronds en laiton typiques des fabrications d’avant-guerre, ainsi que des pompes à diffusion en verre, qui resteront longtemps sur le banc de pompage et de remplissage des cellules expérimentales de Brossel.
Dans les années 1950, des matériaux simples comme la peinture et le carton noirs sont essentiels pour les montages optiques, et les galvanomètres muraux à cadre mobile permettent de mesurer les faibles courants des détecteurs photo-électriques. Peu à peu, les techniques modernes en électronique, déjà en usage dans le groupe de physique des solides dirigé par Pierre Aigrain, commencent à se diffuser vers le groupe Kastler, avec l’arrivée d’enregistreurs X-Y, puis d’oscilloscopes et même de systèmes de détection synchrone.
Bien que modestes, ces conditions constituent pour les doctorants de l’époque une incroyable source de motivation. Conscients de contribuer à la reconstruction de la physique française après les années de guerre, ils s’investissent grandement. Ce travail collectif, mené par cette génération et les suivantes, a porté ses fruits : en comparant la situation des années cinquante à celle d’aujourd’hui, on mesure le chemin parcouru. Les distinctions de trois prix Nobel français dans les années quatre-vingt-dix illustrent le rayonnement international atteint par les équipes de recherche françaises.
Dans le groupe Kastler, l’atmosphère était chaleureuse et marquée par la solidarité, grâce notamment à la complémentarité et à la complicité des deux responsables, qui collaboraient sans esprit de concurrence. Kastler apportait une perspective axée sur les principes, la curiosité et l’imagination, tandis que Brossel, pragmatique et clairvoyant, se concentrait sur les aspects concrets et techniques. Il encadrait les doctorants en matière de calculs quantiques et, par son intuition en physique, les guidait dans l’interprétation de leurs résultats expérimentaux. Kastler, quant à lui, se renseignait régulièrement auprès des chercheurs sur leurs progrès dans la quête d’un signal souvent imprévisible.