Christian Bracco

Depuis Bachelard et Kuhn, l’idée de « rupture épistémologique », de « révolution scientifique » ou de « changement de paradigme » est d’usage pour décrire l’évolution des connaissances en sciences et en particulier en physique. Si ces transitions sont peut-être utiles pour le philosophe, dans quelle mesure le sont-elles pour le physicien, chercheur ou enseignant de la physique ? Ne pourrait-on envisager une épistémologie plus « locale » et moins « révolutionnaire » ?

Je décrirai l’exemple de la théorie de la relativité restreinte, d’abord avec une « relativité optique » (1818-1889) au premier ordre en V/c (rapport de la vitesse orbitale de la Terre sur celle de la lumière dans le vide) puis une relativité électrodynamique au même ordre (1892-1900). Cet historique nous entraînera sur les pas d’Arago, Fresnel, Fizeau, Mascart, Veltmann, Potier, Poincaré, Liénard, Lorentz et Einstein. Je terminerai l’exposé en présentant une manière simple de passer de la relativité au premier ordre à celle à tout ordre, qui met en jeu les transformations infinitésimales du groupe de Lorentz et son « temps local » de 1895 : t’= t -Vx/c².